Un crâne surplombe deux sabres croisés comme dans un drapeau pirate. En dessous, le mot pirates.

L’équipage se terrait derrière le bastingage tandis que le vaisseau avançait dans la pénombre, de plus en plus lentement : les fourneaux avaient été éteints pour ne pas les trahir, et seule la vapeur résiduelle activait les machines. Les mains serraient des armes, le métal avait été recouvert de suie et de graisse noire pour dissimuler son éclat.

Le petit vaisseau fut enfin assez proche de l’imposant bâtiment qui était sa cible. Aussitôt, les grappins fusèrent dans l’air. Puis, dans un même mouvement, tous les automates se dressèrent et se mirent à grimper aux filins, avec une unicité que seules des machines aussi bien calibrées pouvaient atteindre.

En un instant, ils atteignirent les petits hublots du bâtiment, qu’il ne leur fallut pas longtemps pour ouvrir. Puis les automates se laissèrent tomber à l’intérieur, armes brandies, prêts à passer à l’action.

Au-dessus d’eux, d’immenses palles tournaient dans un vrombissement qui aurait l’avantage de masquer leur avancée. Mais leur véritable objectif se trouvait tout autour d’eux : des rangées de rouages parfaitement imbriqués qui s’activaient dans un cliquetis constant. Les piliers qu’ils formaient étaient alimentés par des câbles entremêlés.

Les sabres des assaillants mordirent dans les gaines, provoquant des gerbes d’étincelles. Un premier pilier de rouages s’immobilisa dans un claquement, puis un deuxième. Bientôt, toute la salle résonna d’un silence sépulcral. Sans attendre, les automates repartirent d’où ils étaient venus. Les grappins furent ramenés, puis le vaisseau pirate disparut dans l’obscurité.

À l’étage inférieur, les courtiers se retrouvèrent soudain fort dépourvus lorsque leur machine à différences Babbage & Lovelace cessa de fonctionner. À cette heure de la journée, le marché boursier battait son plein. C’était une catastrophe !

Dans une ruelle à l’arrière de l’immeuble, un homme ouvrit sa large valise. Un instant plus tard, un aéronef miniature déboucha d’un soupirail ouvert pour venir s’y poser. L’homme vérifia rapidement que tout était en ordre, puis referma sa valise, remit la grille du soupirail en place, avant de s’éloigner rapidement, un sourire aux lèvres.

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