gros plan sur un torse de femme devant un mur de pierre et une porte en bois. La femme porte une chemise blanche et par-dessus un corset et un couvre-épaule en cuir décoré de motifs dorés. Elle a des lunettes de protection autour du cou. On distingue un pistolet à sa ceinture.

– Quand je pense que vous m’avez traînée dans ce… Ce donjon !

– Allons, Madeleine, ce n’est pas si terrible. Nous n’avons fait qu’une bouchée des démons du premier étage !

– Ils ont brûlé mon chapeau.

– Avec le butin, je vous en offrirai un neuf.

– Monsieur, je vous y tiendrai.

– Je vous en prie, appelez-moi Charles-Antoine. Nous avons combattu des démons ensemble, après tout.

– Merci, mais « monsieur » est plus court…

Charles-Antoine ouvrit la bouche, de toute évidence prêt à argumenter, et Madeleine s’empressa d’ouvrir la porte.

Un champ de fleurs les accueillit.

Elle s’attendait si peu à cela qu’elle en resta figée. En revanche, son compagnon, d’une impatience légendaire, s’avança aussitôt. Madeleine retint un claquement de langue agacé. Ils se trouvaient dans l’un des pires donjons de Francia ; un peu de circonspection, était-ce trop demander ?

Fort malheureusement, Madeleine avait la fâcheuse tendance à avoir toujours raison. À peine l’aventurier avait-il posé le pied entre deux fleurs qu’elles se mirent à émettre des cliquetis de fort mauvais augure.

À mieux y regarder, ces fleurs n’avaient rien de végétal. Il s’agissait de métal sculpté ; leur cœur était un entrelacs de rouages. C’était cela qui provoquait le bruit d’horlogerie qui montait autour d’eux. Madeleine rajusta ses bésicles et jura.

Les pétales étaient aussi en métal – et ils semblaient particulièrement affûtés !

– Charles-Antoine, attention !

Au même instant, le cliquetis s’arrêta. Madeleine se jeta derrière la porte tandis que, dans un boucan de tous les diables, les fleurs éjectaient leurs pétales tranchants.

Puis le silence retomba. Craignant le pire, Madeleine lança un coup d’œil dans la pièce.

Mais son compagnon avait au moins le mérite de réagir rapidement : son avertissement lui avait laissé le temps d’activer son bouclier magnétique, qui était à présent recouvert de pétales. Il lui imprima une secousse pour les faire tomber et son visage apparut, barré d’un grand sourire.

– Vous m’avez appelé Charles-Antoine !

Madeleine tourna les talons. Qu’il finisse de nettoyer ce donjon tout seul.

– Madeleine ! Revenez !

[image : Danny Springgay]

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