Sous la verrière d'un musée, un grand squelette d'animal marin est suspendu. Le titre est "ethnique".

Paul se faufila entre deux étagères, le cœur battant. Au-dessus de lui, les caisses débordaient de paille pour protéger leur précieux contenu qui n’attendait que sa curiosité… Mais aujourd’hui, il avait mieux à faire.

– Paul ? Où êtes-vous ?

En entendant la voix de son grand-père, Paul se plaqua contre une armoire et retint son souffle. Entre deux bocaux puant le formol, il aperçut la silhouette du conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Lyon. Une latte de parquet grinça : son grand-père s’éloignait.

À pas de loup, Paul passa d’épi en épi. Il trouva enfin la porte donnant sur la deuxième réserve, celle ornée d’une étiquette « collections ethniques et coloniales ». Il trouva rapidement la clé correspondante dans le trousseau chipé à son grand-père. Au mur, un masque de bois peint le fascina pendant un moment, avant qu’il ne se rappelle qu’il ne faisait que passer.

Paul traversa la pièce au pas de course, notant tout de même un ou deux objets qui dépassaient ici et là. Il faudrait qu’il revienne.

Enfin, il trouva la porte de l’atelier. Paul entrouvrit le battant, avant de passer la tête dans l’embrasure.

Ce qu’il vit combla toutes ses attentes.

Le mammouth était plus énorme encore que ce qu’il aurait cru. Autour, des hommes changés en lilliputiens examinaient l’intérieur de sa panse, ouverte pour révéler un amas de rouages qui devait composer l’ensemble de la bête.

Alors c’était vrai. Cette année, pour l’Exposition, le Muséum allait présenter un automate unique au monde : un mammouth, pour la première fois depuis l’ère glaciaire ! Bouche bée, Paul resta agrippé à la porte sans perdre une miette du spectacle.

Jusqu’à ce qu’un raclement de gorge le fasse sursauter.

– Jeune homme, le réprimanda son grand-père en l’attrapant par l’oreille. Vous n’avez rien à faire ici.

– Mais, grand-père… Aïe, aïe ! Pardon, je voulais juste voir le mammouth…

– Eh bien, à présent que vous l’avez vu, revenons à nos leçons. Et rendez-moi donc ces clés !

Paul obéit piteusement ; mais avant de repartir, il eut le temps de jeter un dernier coup d’œil au mammouth mécanique.

Peut-être qu’il pourrait monter dessus, la prochaine fois.

[image : just-pics]

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